Quand les adoptions ont été accordées, j’avais envie de le crier sur tous les toits.

Je suis la maman sociale de 2 enfants. Le tribunal nous a demandé un dossier assez complet. Et en bonus, l’accord écrit des grands parents biologiques des enfants pour qui on demande l’adoption. Ce qui ne nous arrange pas tellement puisque les relations sont difficiles avec la grand-mère biologique des enfants. Nous avons eu plusieurs échanges avec notre notaire pour se mettre d’accord. En effet, ils voulaient nous facturer deux actes : le recueil du consentement et l’attestation de non rétractation. J’ai donc argumenté grâce aux infos transmises par l’association des Enfants d’Arc en Ciel et j’ai obtenu gain de cause. Mais ensuite la notaire a rédigé un acte pour une adoption simple ! Nous lui expliquons que ce n’est pas notre demande. Et elle insiste en nous expliquant que l’adoption plénière rompra les liens de filiation avec la mère biologique. Nous argumentons encore, elle finit par aller se renseigner auprès de sa collaboratrice, et revenir en nous disant « je suis désolée, vous aviez raison, l’adoption plénière de l’enfant du conjoint est une exception à la règle vis-à-vis de la rupture du lien biologique ». Puis, nous avons enfin pu signer l’acte.

Pour la constitution « administrative » du dossier, ce n’est pas croyable le nombre de documents qu’il faut fournir pour justifier que je suis bien présente au domicile et que je participe à l’éducation de mes enfants ! Nous avons également terminé le recueil des attestations qui nous sont demandées par le tribunal pour prouver, je cite, qu’il existe « un lien affectif entre l’adoptant et l’adopté ». Autant vous dire que cela n’a pas été simple de dire à nos familles, nos amis que nous avions besoin d’attestations pour prouver tout cela. Nous avons eu de belles surprises qui m’ont mises les larmes aux yeux. Cela est venu partiellement compenser la colère et l’humiliation que j’ai ressentie de demander à mes proches d’attester que j’aime mes enfants !

Nous avons aussi demandé aux professionnels qui côtoient nos enfants (crèche, pédiatre…), à mon directeur… et chaque fois la réponse fut la même, mais comment ça, ce n’est pas automatique avec le mariage ? Et là on se demande pourquoi on a supporté tant de mois de débat et de battage médiatique pour qu’au final les gens n’aient en fait rien compris !

Maintenant, il nous reste à écrire la requête pour le juge et à trouver les bons mots pour lui expliquer pourquoi je souhaiterais qu’il m’autorise à adopter mes propres enfants ! Bien sûr il va falloir que je ravale ma colère et que je courbe le dos pour rester correcte, ne froisser personne et que toutes ces procédures se terminent enfin. Qu’enfin notre famille soit tranquille et surtout protégée.

Suite au dépôt du dossier au tribunal, l’enquête de police a eu lieu : audition au commissariat et visite au domicile. L’audition s’est bien passée, c’était le même policier que pour l’enquête de la Délégation d’Autorité Parentale et il a repris le procès-verbal d’audition précédent donc il m’a simplement demandé d’actualiser les éléments et de lui redire un certain nombre de choses qui était déjà dans le dossier : non, nous ne sommes pas séparées ou en instance de divorce, non je n’ai pas d’autres enfants issus d’une union précédente.

Puis il m’a demandé de décrire mon quotidien avec les enfants et de lui expliquer pourquoi je demandais l’adoption. C’est toujours une grande question ça ! Pourquoi ? Parce que ce sont mes enfants ! Après ça, ils sont venus à la maison pour faire le plan du logement.

Quand les adoptions ont été accordées, j’avais envie de le crier sur tous les toits… et en même temps le sentiment que personne ne pouvait comprendre (à part les familles dans notre situation) à quel point j’étais soulagée et heureuse que ma famille soit enfin en sécurité.

Panier