Ma vie de maman aujourd’hui, c’est dans les tribunaux et les commissariats que ça se passe.

Je m’appelle Lydie, j’ai 37 ans, je suis la maman d’une petite fille qui a 4 ans et j’ai une particularité ma qualité de maman est reconnue par ma fille, par les tribunaux, mais pas (encore ?) par la loi, nous séparant ainsi ma fille et moi depuis plus de 3 ans.

Ma vie de maman, elle commence en rencontrant celle qui allait devenir mon épouse puis la maman biologique de notre enfant, celle dont je suis tombée amoureuse et avec qui j’ai ressenti pour la lère fois cette envie de « famille », cette envie d’être ensemble, de transmettre, d’éduquer, d’accompagner, d’aider… C’est donc de façon « classique » que l’histoire démarre : une histoire d’amour entre 2 personnes, et l’envie d’avoir des enfants, une famille, NOTRE famille.

Ma compagne va devenir mon épouse et nous concrétisons notre projet « bébé ». Notre fille naît dans l’amour, elle sera portée par mon épouse, accompagnée par mes soins. Sa naissance est indéniablement le plus beau jour de ma vie. Comment avons-nous réussi à créer un petit être aussi parfait ? Les larmes que je ne peux retenir coulent sans contrôle, la venue de notre fille est magique et elle est magnifique. Les tout premiers instants partagés avec elle sont exceptionnels : elle est dans mes bras, on se regarde, je lui souris, elle m’interroge du regard, je l’admire, scrute chacun des détails de son corps et de ses gestes… et puis vient notre peau à peau. Elle est contre moi, elle s’est endormie. Je sens sa respiration et son odeur et m’en imprègne autant que possible. La Terre s’est arrêtée de tourner pour moi.

Nous sommes rentrées à la maison et j’ai pu découvrir les joies, et les difficultés, de cette nouvelle vie… Lorsque notre fille a eu 20 mois, le bonheur a viré au cauchemar : la maman biologique s’est déclarée seule maman de notre fille, a refusé l’adoption puis tout contact entre notre fille et moi. Ma femme m’a donc quittée et m’a enlevé notre fille, sans comprendre ce qui a motivé ce comportement. Heurtée de plein fouet par la douleur, j’ai saisi la Justice, pour expliquer la situation et espérer retrouver notre fille, qui m’appelait « Maman ».

Il est difficile d’exprimer la douleur que l’on ressent de ce manque. Les personnes auprès desquelles je me suis le plus confiée sont celles qui ont perdu un être cher, on partage alors une douleur commune, du réconfort, et des anecdotes : se mettre à pleurer d’un coup parce qu’on a entendu une chanson, senti une odeur ou vu un enfant dans la rue… devoir refaire son maquillage après avoir reçu un coup de téléphone annonçant un report d’audience… tenter de garder le sourire dans les moments « conviviaux » alors qu’on a juste envie de fuir et sortir ce qui fait tant mal.

Ma vie de maman aujourd’hui, c’est dans les tribunaux et les commissariats que ça se passe plus de 3 ans de procédures, des victoires à tous niveaux de juridictions, des plaintes déposées mais une maman biologique qui refuse toujours l’évidence et qui refuse d’exécuter les décisions de justice.

Les contacts avec ma fille sont totalement absents. L’espoir de la retrouver naît à chaque contact avec mon avocate. La loi a bien évolué depuis le début des procédures, protégeant ainsi les autres mamans, et les autres enfants, mais ces lois ne règlent pas notre situation. Ma fille a maintenant 4 ans. C’est une vie de maman qui démarre comme beaucoup d’autres mais qui se poursuit avec son lot d’obstacles. Ils sont évacués un par un. Mais combien de temps encore va-t-il falloir se battre pour pouvoir enfin se retrouver ?

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