Lorsque nous avons décidé de faire un enfant (en 2015), nous nous sommes posé beaucoup de questions.
La PMA était interdite en France et nous n’avions pas envie de traverser le pays (vers l’est ou vers le sud) pour faire une insémination. Nous avions dans l’idée que tout lâcher le jour de l’ovulation pour faire une dizaine d’heures de voiture tous les mois, allait être très compliqué. En même temps ce côté médical et encadré nous rassurait. Après plusieurs mois de réflexion, nous nous sommes alors tournées vers une banque de sperme danoise. L’avantage était qu’elle faisait des livraisons à domicile et que nous pouvions choisir d’avoir un donneur connu (et même d’accord pour rencontrer l’enfant si c’était son choix). Nous avions trouvé un médecin qui était d’accord pour réaliser l’insémination (alors qu’il risquait sa carrière en le faisant). Après quelques essais et des milliers d’euros dépensés (la pipette de 0,5 ml, le transport dans un contenant avec de l’azote liquide et la livraison à domicile coûtaient environ 1000€), nous avons abandonné car nos finances ne nous le permettaient plus. Le désarroi lorsque l’essai ne s’avérait pas concluant devenait également pesant. Une pause s’est alors imposée.
Nous avons à nouveau réfléchi et nous nous sommes mises en quête d’un donneur dans notre entourage. Le plus important pour nous était qu’il renonce à ses droits parentaux. Le projet était que ce bébé ait deux mamans comme représentantes légales. Le premier homme à qui nous avons demandé, avait du mal avec cette idée. Renoncer à la filiation, à donner son patronyme, son héritage, son mot à dire dans l’éducation, lui paraissait trop dur. C’est une chose que nous avons parfaitement comprise et nous avons donc renoncé. Nous avons demandé à un deuxième homme qui lui, avait déjà trois enfants d’une union précédente et n’en voulait pas d’autre. C’était la réponse que nous voulions entendre ! Nous ne cherchions effectivement pas un papa. Après plusieurs mois de discussions et une journée passée avec les Enfants d’Arc en Ciel, à côté de notre domicile, un accord a été trouvé. Le donneur (en couple avec un homme) a fait toutes les démarches médicales pour s’assurer qu’il n’avait aucun souci de santé. Nous avons également consulté un médecin afin d’obtenir de précieux conseils sur la marche à suivre pour effectuer l’insémination artisanale. N’habitant pas très loin les uns des autres, le donneur faisait son don chez lui et nous allions le chercher avant de revenir à la maison et de procéder à l’insémination toutes les deux. Nous avons essayé pendant quatre mois et lorsque nous avions tous décidé de faire une pause, la dernière insémination a fonctionné. Nous avons créé un groupe de discussions afin de s’informer en temps réel des différents événements liés à la grossesse. La grossesse s’est très bien passée. L’accouchement s’est vécu à deux, mais le donneur et son conjoint sont venus voir notre fils le jour de sa naissance (en octobre 2019). Ils sont aujourd’hui ses deux parrains et bien présents dans sa vie mais nous sommes désormais sans crainte car nous sommes reconnues aux yeux de la loi comme ses deux mamans (grâce à l’adoption plénière de l’enfant du conjoint). Il porte d’ailleurs nos deux noms.