Après un parcours très compliqué pour avoir une première fille de son premier mariage, ma femme et moi avons décidé de nous lancer dans l’aventure pour agrandir notre famille. Elle avait passé plus de cinq ans en PMA, aussi avons-nous opté pour ce qui nous semblait le plus efficace : la FIV ROPA. Ma femme porterait mes ovocytes, puisque j’étais plus jeune et sans désir de porter notre enfant. La loi française était sur le point de passer, comme depuis des années, mais nous avons choisi de ne pas attendre. En effet, la ROPA ne figurant pas dans le projet de loi, pas plus que le maintien de l’anonymat, nous avons décidé de partir en Espagne. Si l’anonymat aurait pu être discuté entre nous, le fait que notre aînée soit issue d’un don anonyme nous a imposé le même traitement pour son petit frère ou sa petite soeur. Il était important pour nous que nos deux enfants aient des histoires sinon similaires, du moins comparables.
Nous voici donc parties à Barcelone entre deux confinements, des consultations Skype, un budget conséquent économisé année après année. A notre immense surprise, il ne nous faudra qu’un aller-retour à la clinique puisque la ponction a correctement fonctionné et que l’embryon transféré s’est implanté du premier coup ! Nous n’y croyions pas et c’est ce qui a failli nous mettre dans une situation improbable : à peine arrivées en Espagne, la loi française passait et avec elle ses circonvolutions administratives pour le traitement des situations « entre deux ». Nous n’avions pas encore fait la ponction que nous apprenions qu’il nous était nécessaire de réaliser auprès d’un notaire la reconnaissance conjointe anticipée. Ce papier, qui ne peut être réalisé à distance, indique le souhait du couple à avoir un enfant ensemble. C’est la seule façon de ne pas avoir besoin de passer par l’adoption. Echaudées par l’expérience très pénible de l’adoption de l’aînée, et souhaitant garantir la protection de notre enfant à venir au plus vite, nous avons dû trouver en urgence un notaire, réaliser l’acte au plus vite afin de ne pas se retrouver coincées par la suite.
L’association des Enfants d’Arc en Ciel a été un soutien sans faille dans cette nouvelle épreuve. Nous étions pleines d’hormones, à l’étranger, perdues dans de nouvelles lois que nous ne maîtrisions pas et l’écoute, le réseau mobilisé par l’association nous ont permis de rester (relativement) calmes et d’aller au bout des démarches. Notre fille va naître d’ici quelques mois et nous pourrons aller la déclarer en Mairie sereinement.