Un parcours aussi long, aussi cher, ça entame un couple, forcément.

Lorsqu’en 2010 nous avons décidé de nous lancer dans un parcours en PMA, nous n’avions aucune idée qu’il serait semé d’autant d’embûches (et tant mieux). Cinq ans et une fausse couche, 19 essais négatifs, deux pays, trois cliniques, deux utérus mobilisés, plusieurs dizaines de milliers d’euros plus tard, nous avons eu le bonheur de tenir notre petite fille dans les bras.

Un parcours aussi long, aussi cher, aussi compliqué, ça entame un couple, forcément. Ça abîme l’estime de soi, la confiance dans le couple, ça use le quotidien et tous les projets. Pendant cinq ans, nous avons mangé chez nous plutôt qu’au restaurant, nous avons limité les vacances, avons limité les sorties aussi. Pour des raisons budgétaires, certes, mais aussi et surtout pour être disponibles chaque mois pour le parcours. Au cas où. Au cas où ça marche, au cas où ça ne marche pas, au cas où on ait besoin de faire des échos, des piqûres, des ponctions, des transferts…

Après cinq ans de parenthèse totale dans notre vie, notre couple n’a pas survécu à ce parcours. Nous nous sommes sépa-rées avant le premier anniversaire de notre fille, laissant planer sur nos têtes l’épée de Damoclès de l’adoption. Nous avions en effet lancé les démarches dès la naissance, mais le Tribunal traînait un peu et nous nous sommes retrouvées dans une situation aberrante où nous devions simuler la pérennité de notre mariage afin de ne pas être dénoncées par des voisins ou des proches. Même la crèche ne savait rien de notre séparation ! Pas évident de se séparer sereinement dans ces conditions, puisque le divorce était suspendu à cette adoption. Au bout de nombreux mois, quand l’adoption a enfin été prononcée, nous avons pu passer à l’étape suivante de nos vies, tournant ainsi la page d’une histoire semée d’embûches.

Aujourd’hui, L. a six ans et elle sait que ses mamans feront toujours tout pour son bien-être, comme nous l’avons fait depuis 2010, puis depuis sa naissance, nous mettant parfois de côté pour contourner les extravagances d’une loi rarement pensée pour nous.

Après un parcours aussi compliqué, nous devrions mériter un peu de calme non ? Et bien suite au divorce, les grands-parents de L. ont décidé de nous poursuivre en justice pour un droit de visite et d’hébergement. La robustesse du couple parental qui succède au couple amoureux sera mise à l’épreuve pour toujours semble-t-il, et les arcanes des frais de justice n’ont plus de secret pour nous !

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