La maternité en solo a ça de bien qu’elle ne laisse pas trop de place aux sentiments amers et négatifs.

Il y a un peu plus de six ans, je me suis lancée dans ce qui allait devenir la plus grande et la plus belle aventure de ma vie : la maternité.

Le « devenir mère » a guidé chacun de mes pas depuis mon adolescence, il a été présent dans chacun de mes choix. Je voulais devenir mère, partager, transmettre, aimer… Je voulais devenir mère, c’était le sens de ma vie. Mais la vie est parfois coquine en ce qu’elle vous glisse des rêves dans la tête, et vous mets des bâtons dans les jambes pour les réaliser. Parce que pour fonder une famille, il fau(-drai)t « un papa et une maman » et que dans ma famille en construction, il n’y avait alors que la maman.

En quelques mois, j’ai découvert les termes PMA, IAD, stimulation. J’ai compris que j’allais faire un enfant dans l’illégalité. Cette perspective ne me mettait pas à l’aise, générait de la culpabilité. Autour de moi, personne n’avait entendu parler de tels parcours, mon entourage alternait entre soutien, inquiétude, curiosité, inquiétude encore face à cette configuration de « maman solo », face aux questions telles que « comment l’enfant va s’épanouir sans père ». Mon parcours est marqué par la chance : d’abord parce qu’il a été court. Une seule Insémination avec Donneur Anonyme pour mon fils et une seule aussi pour ma fille. Bref, une chance incroyable.

a chance ensuite de toutes les rencontres que j’ai faites en amont, dans le cadre des associations. Les familles homoparentales m’ont soutenue, et à travers le partage de leurs témoignages et leurs expériences, j’ai construit mon chemin. J’étais solo mais jamais je n’ai senti de mise à l’écart de leur part. J’ai une profonde gratitude envers elles.

Et donc je suis partie en Espagne, je suis revenue avec une « graine à bébé » qui a bien germé. Je suis devenue maman, mon fils n’a pas fait ses nuits mais il a fait ses dents, et à chacun de ses réveils ou de ses bobos, il n’y avait que moi pour gérer. C’est fatigant. Beaucoup. Et puis parfois, dans des moments de vague à l’âme, j’aurais voulu partager avec un co-parent, les petits bonheurs et les acquisitions du quotidien. Mais j’étais heureuse. Mon fils grandissait bien. Alors quand il a eu un an, j’ai décidé de compléter notre famille. Quelques mois plus tard, c’est une petite soeur qui a intégré notre foyer. Et je suis encore plus fatiguée, mais encore plus heureuse aussi.

Je me réjouis des avan-cées législatives, bien sûr. Mais les débats sont venus raviver des blessures, quand les « mères célibataires » ont été pointées du doigts comme étant plus/trop à risque de faire souffrir leurs enfants par les conditions de vie qu’elles leur offriraient. J’ai l’impression qu’on m’attend au tournant du coup. Mais la maternité en solo a ça de bien qu’elle ne laisse pas trop de places aux sentiments amers et négatifs. Elle vous embarque dans son tumulte des préparatifs pour l’école, des anniversaires, des disputes, des rendez vous à caser, des rires, des doutes, des craintes, des câlins, et des rêves, encore…

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